Facebook est-il un média comme les autres?
Facebook lance son fil d’actualité Facebook News. Cette main tendue vers les médias permettra-t-elle d’oublier les critiques qui lui sont faites sur la diffusion de fake news ?
Si vous-même vous utilisez Facebook, alors vous avez peut-être déjà remarqué un nouvel onglet dédié à l’information dans votre fil d’actualité. Après l’Allemagne, les Etats-Unis, le Royaume Uni et l’Australie, Facebook News se décline désormais en France. A la manière d’un Google Actualités, cet onglet permet de mettre en valeur les contenus journalistiques réputés comme fiables et vérifiés.
In fine, l’objectif est de séparer les articles issus des médias des publications de vos proches. La fonction sociale de la plateforme reste ainsi préservée. Et d’une pierre deux coups, Facebook redessine la frontière entre les contenus d’information vérifiés et les publications susceptibles de contenir des approximations, voire des mensonges éhontés.
Une stratégie de lutte contre la désinformation ?
Car oui, il s’agit bien d’une stratégie pour tenter de séparer le bon grain de l’ivraie. Facebook a souvent été taxée de contribuer à la désinformation. Et à juste titre. Facebook est accusée d’avoir notamment menti au sujet des efforts menés pour lutter contre la désinformation sur le changement climatique et la Covid-19.
Mark Zuckerberg a toujours publiquement salué les initiatives pour créer des systèmes de modération plus efficaces. Mais il estime dans le même temps qu’il est difficile, voire impossible, de faire la chasse à tous les contenus problématiques, sur les centaines de millions de messages publiés chaque jour.
Ce double discours est intrinsèquement lié au statut du réseau social. Car là est le véritable nœud du problème : Facebook se voit comme un hébergeur et non un éditeur de contenus. Sa responsabilité est donc limitée en ce qui concerne les contenus publiés par des tiers. Mais cette distinction suscite toujours des débats.
Un cadre législatif en construction
Les législations pourraient bien être amenées à changer la donne. Le texte du Digital Services Act devrait notamment imposer une transparence plus grande sur la politique de modération mise en œuvre par les plateformes.
Pour l’heure, en France, il y a bien des avancées qui sont faites. A l’instar du service Viginum, chargé de la vigilance et de la protection contre les ingérences numériques étrangères. Et dans le cadre de la loi de 2018 relative à la lutte contre la manipulation de l’information, les plateformes doivent désormais décrire à l’Arcom (Ex- Conseil supérieur de l’audiovisuel) les mesures qu’elles mettent en place pour faire la chasse aux infox.
Ces efforts de transparence, s’ils ont déjà le mérite d’exister, doivent toutefois être pris pour ce qu’ils sont : ni plus ni moins que des déclarations qui n’engagent que les plateformes.